Carlota Garcia
traverso, musique de chambre
Née en Espagne, je ne viens pas d’une famille de musiciens, mais mes premiers souvenirs sont imprégnés de la musique de J.S. Bach. Mon père, grand amateur de notre cher maître de la fugue, avait l’habitude de rentrer du travail et de faire résonner, à un volume bien au-delà des recommandations, les trompettes et l’orgue. Inspirée par cet exemple à la maison, j’ai débuté ma formation musicale dès mon plus jeune âge au Conservatoire de San Lorenzo de El Escorial.
Malgré l’insistance de ma professeure de musique, qui préconisait pour tous le violon – un son qui m’évoquait alors un chat agonisant – ma détermination a prévalu, me guidant vers la flûte traversière. Au sein de mon conservatoire, tous les enfants étaient intégrés à un orchestre, plutôt qu’à une fanfare, comme c’était la norme ailleurs. Peut-être est-ce pour cette raison que je me sens comme un poisson dans l’eau lorsque je fais partie de ce type d’ensemble.
Pendant 10 ans, j’ai été formée par María Ángeles Grau, une pédagogue qui est devenue ma mère musicale. Comme je l’ai dit, je ne me souviens pas de ma vie sans musique, mais j’ai toujours eu de l’intérêt pour d’autres matières, en particulier les sciences. Les mathématiques, l’aéronautique et l’architecture occupaient régulièrement mes pensées, mais tout a basculé au cours de ma dernière année de lycée.
Le 17 janvier 2001, on m’a appelée pour interpréter la 5e symphonie de Schubert avec un orchestre semi-professionnel à Madrid. À la fin de la répétition, je flottais comme sur un nuage. À cet instant, il m’était impossible d’imaginer qu’une autre profession puisse me procurer autant de satisfaction que celle de jouer de la flûte. Cette expérience inoubliable a scellé ma décision de devenir musicienne.
Après avoir complété mes études de flûte traversière, j’ai eu l’opportunité de collaborer pendant de nombreuses années avec divers orchestres symphoniques de renom dans mon pays. Bien que l’expérience de jouer Mahler, Shostakovich ou Ravel au sein d’un grand orchestre soit l’une des expériences les plus enrichissantes pour un musicien, quelque chose me manquait.
C’est ainsi que j’ai entrepris un voyage vers Bruxelles, me plongeant dans le monde de la musique ancienne avec le traverso, sous la guidance de Jan de Winne au Conservatoire royal de Bruxelles. Mon attachement à l’instrument et à sa manière unique d’aborder la musique a été si fort que j’ai refusé d’abandonner le traverso et c’est ainsi que je me trouve maintenant : me sentant à Bruxelles comme chez moi.
J’ai toujours eu la chance de bénéficier de professeurs exceptionnels. Non seulement ils m’ont enseigné la technique, le style, le langage musical,… , mais ce sont également des individus dotés d’une intelligence émotionnelle énorme, m’aidant à surmonter des défis à tous les niveaux, tant musicaux que de la vie même. De Pablo Sagredo et Alberto Rosado au Conservatoire Supérieur de Salamanca (Espagne), à Gunhild Ott à la Folkwang Hochschule d’Essen (Allemagne), en passant par Jaime Martín et Stewart MacIlwham avec la flûte traversière et le piccolo au Royal College of Music de Londres (Royaume-Uni), pour finir avec Jan de Winne et le traverso au Conservatoire royal de Bruxelles.
Je les mentionne tous, car chacun a été et demeure une source d’inspiration pour ma carrière de musicienne. Un immense merci à tou·te·s !